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Rires. Larmes. Aucun récit ne me convient. Aucune philosophie n’est susceptible de me séduire totalement. Les dieux me charment. Seul Dieu est un casse-tête. Et les hommes, des casse-pieds de la tête au pieds. Tandis que les femmes sont des casse-foyers de la tête aux fesses ou des pieds aux fesses. J’aimerais prendre racine à l’aube d’un hiver glacial quand la mort refuse tout compromis. Aux heures creuses de ma mémoire, de préférence. Le vite fait sur le gaz ne m’intéresse plus. Il me faut la gloire ou le verbe aimer conjugué à la perfection pour moi tout seul. Il me faut du temps à plein temps. Il me faut un toit sans toi ni moi. Un toit avec nous, un nous sans vous ni les autres. C’est compliqué. Les gens viennent puis repartent. Leurs images demeurent. Pas forcément pour l’éternité mais elles demeurent dans ma si douce et agréable demeure. Ma chambre à coucher est inondée de vieilles énergies réduites au silence. Tout ce qui a été fait n’attire plus personne. La promesse et le geste poétique font salle vide, ils ne font plus la une des journaux. Même pas la une de la rubrique des chiens écrasés. Qui suis-je? Que fais-je là? Questions sans réponse. Probablement. À moins que je décide d’être quelqu’un, quelqu’un de bien. Un poète célèbre, un artiste célèbre, un chercheur célèbre, un charmeur célèbre ou un révolutionnaire célèbre. À moi de décider. Vais-je décider? En disant cela, ai-je déjà décidé? Probablement. Que de probabilités dans une existence!
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- Quel est votre nom?- Genève Page.
- Genève comme la ville et le canton?
- Oui, Genève comme la ville et le canton?... Mes parents sont des originaux. Ils ont un sens très poussé du l’humour. Et vous?
- Je n’est pas tellement le sens de l’humour...
- Non, comment vous appelez-vous?
- Jean Delarue.
- C’est facile à retenir.
- Comme les gens de la rue.
- Comment ça?
- Jean Delarue comme les gens de la rue. C’est trop banal n’est-ce pas?
- C’est une une banalité dont on se souvient facilement... Et qu’est-ce vous faites dans la vie?
- Rien.
- Rien du tout?
- Rien du tout.
- Vous êtes riche alors?
- Pas plus qu’un autre. Je travaille tantôt là, tantôt ailleurs. Je travaille pour survivre.
- Et à part ça?
- Eh bien, je crois que je ne fais rien d’autre.
- Aucune passion? Lecture? Cinéma? Musique?
- Le silence le plus total.
- Mais c’est infernal!
- Pas pour moi.
- Vous êtes étrange... à suivre
- Eh bien, je crois que je ne fais rien d’autre.
- Aucune passion? Lecture? Cinéma? Musique?
- Le silence le plus total.
- Mais c’est infernal!
- Pas pour moi.
- Vous êtes étrange... à suivre

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